Pour le 8 mars , parlons du sexisme « ordinaire »

#LeSexismeCommenceAuMais

« Femme au volant, mort au tournant » ; « C’est normal que sa carrière évolue moins vite, elle doit s’occuper des gosses » ; « elle fait sa blonde » ; « elles veulent l’égalité mais quand le pneu crève, elles montrent leurs jambes pour se faire aider » ; « laisse la tranquille, elle a ses règles » … Des phrases de ce style nous pourrions en faire des ribambelles et leurs coller l’étiquette « sexisme ordinaire » ; elles sont fréquemment précédées d’un « je ne suis pas sexiste MAIS … ». Nous les entendons tous les jours et elles minent les conditions de vie au travail d’un grand nombre de femmes. C’est bien pour cette raison que nous avons décidé que notre campagne pour les droits de femmes cette année, #LeSexismeCommenceAuMais, sera sur le sexisme ordinaire au travail abordé à partir de la phrase « je ne suis pas sexiste MAIS ».

Les manifestations du sexisme sont multiples. Selon le HCE (Haut Conseil pour l’égalité) dans le 1er état des lieux du sexisme en France publié en janvier 2019 :

  • Propos ou représentations stéréotypé.e.s, discriminant.e.s, humiliant.e.s, menaçant.e.s ou violent.e.s dans la rue, au travail, dans le journalisme, la publicité, les arts et la culture, le marketing, etc. ;
  • Sur-occupation de l’espace dans la rue (« manspreading »), dans les discussions (« mansplaining » et « manterrupting »), en politique, au travail, dans les classes et les cours de récréation, etc. ;
  • atteinte à l’autonomie des femmes par l’assignation à la maternité : entrave à l’avortement et à la maîtrise de son corps, mariages forcés, non partage de la charge domestique, etc. ;
  • discrimination directe et indirecte, dans l’accès à un emploi, un bien ou un service ;
  • atteintes à l’intégrité corporelle : coups et blessures, agressions sexuelles, viols, mutilations sexuelles, prostitution, meurtre ou ‘féminicide’.
S’adresser aux femmes en employant des termes tels que «ma petite», «ma mignonne», «ma belle», «ma chérie». Apparemment anodines, voire bienveillantes et contribuant à donner un bon climat dans les organisations de travail, elles constituent de fait une forme de sexisme ordinaire. 

Au travail, le sexisme ordinaire se définit comme l’ensemble des attitudes, propos et comportements fondés sur des stéréotypes de sexe. Le sexisme ordinaire au travail se manifeste à travers des blagues, des petits commentaires sexistes, des remarques, des compliments ou critiques sur l’apparence physique, etc. Ces actes, gestes, comportements ou commentaires peuvent paraître anodins mais, en effet, finissent par délégitimer ou inférioriser celles qui en sont les victimes et conduisent à une discrimination systémique. Ils ont un impact sur la perception des femmes et peuvent peser sur l’attribution de responsabilités, l’avancement de carrière, le salaire, et bien d’autres aspects.

Chiffres à l’appui

Bien sur, et heureusement, à travers le temps les femmes ont acquis un certain nombre de droits comme l’accès à l’éducation, le droit de vote, le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation d’un « représentant », etc. Mais est ce que ce n’est pas déjà une aberration qu’elles aient dû se battre pour obtenir ce que les hommes avaient d’office ? C’est l’acquisition de ces droits qui peut donner l’impression de rapports justes, équitables et symétriques femmes-hommes. Néanmoins, les chiffres nous montrent qu’il existe une inégalité sociale basée sur le genre. Selon le HCE  dans le rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France :

Il apparaît ainsi une forme de passivité, voire d’hostilité et de résistance à l'émancipation des femmes dans la société, tout particulièrement chez les hommes : 37 % d’entre eux (+ 3 points) considèrent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes, 32 % (+ 3 points) que ces derniers sont en train de perdre leur pouvoir. Cette résistance touche toutes les générations d’hommes (84 % des 65 ans et plus considèrent par exemple que « les hommes doivent protéger les femmes » et 51 % « que les femmes doivent s’arrêter pour s’occuper de leurs enfants »).

Et chez les femmes cadres, selon une étude statistique de l’APEC et DATAGORA :

Seulement 37 % des cadres du secteur privé sont des femmes
Seulement 43 % des femmes ont accès au statut de cadre dès le début de leur carrière
80% des femmes cadres gagnent entre 34 k€ et 72 k€ par an 
80% des hommes cadres gagnent entre 37 k€ et 90 k€ par an 

L’action syndicale face au sexisme ordinaire

Sensibilisation et éducation

L’une des premières étapes pour affronter le sexisme ordinaire au travail est de sensibiliser les travailleuses et les travailleurs à cette problématique. La CFDT a mis en place des outils qui facilitent l’organisation de formations et d’ateliers pour informer sur les différentes formes de sexisme et les conséquences qu’elles peuvent avoir. Pour l’action [ Respecté·e·s ] la CFDT a mis à disposition un cycle de webinaires à destination des référentes et référents « Violences Sexistes et Sexuelles au Travail » des CSE. Par la formation et la sensibilisation il est possible de contribuer à créer une culture de respect et d’égalité au sein des entreprises.

Renforcement des politiques vers l’égalité

Nos élues et élus CFDT peuvent participer activement dans la négociation et la mise en place de politiques visant à prévenir et combattre le sexisme au travail. Cela peut inclure des mesures telles que des politiques de tolérance zéro envers le harcèlement sexuel, des procédures de signalement confidentielles pour protéger les victimes et des mécanismes de résolution de conflits. Il s’agit d’offrir aux travailleuses et travailleurs des voies pour dénoncer les agissements sexistes et obtenir justice.

Soutien et représentation

La présence de la CFDT aux cotés des salarié·e·s envoie un message fort aux employeurs et montre que les discriminations sexistes ne seront pas tolérées. La CFDT propose un accompagnement qui va de la représentation et conseil et même jusqu’au soutien juridique lors d’un litige.

Promotion de l’égalité salariale

Le sexisme ordinaire se manifeste souvent par des disparités salariales entre les femmes et les hommes. La CFDT est un acteur clé dans la promotion de l’égalité salariale et la négociation de conventions collectives qui garantissent des salaires équitables pour toutes et tous.

Il est évident que le sexisme ordinaire au travail relève d’une action collective qui puisse mener à créer des environnements de travail plus égalitaires et respectueux où chacune et chacun peut s’épanouir professionnellement, indépendamment de son genre.

Pour illustrer notre/votre combat quand on parle du sexisme ; nous vous invitons à nous donner vos témoignages.

Ecrivez-nous à communication@cfdt13.fr pour nous raconter votre expérience.

Pour aller plus loin :