Les groupes de niveaux : sujet abordé au débat organisé par la CFDT 13

L’Union Départementale CFDT des Bouches du Rhône s’est donné comme mission la création de liens avec et entre les adhérentes et adhérents CFDT de tous les horizons professionnels sur des sujets qui touchent de près notre société tout en garantissant un cadre de discussion respectueux et constructif. Pour parvenir à cette mission, nous avons organisé une rencontre/débat le jeudi 15 février à 18 heures, ouverte à toutes nos adhérentes et à tous nos adhérents pour parler des groupes de niveaux au collège. Nous avons été très heureux.ses de recevoir dans nos locaux et en visio les participants des secteurs divers qui font partie de cette grand maison qu’est la CFDT: santé, construction, services, banques, finances, retraités, protection sociale, communication et bien d’autres. Nous les remercions à nouveau pour leur participation.

Depuis les annonces du Premier Ministre, Attal, l’école française est en panique. Le gouvernement a lancé un ensemble de propositions sous le titre « Choc des savoirs ». Parmi ces mesures, l’une en particulier a suscité un débat intense : les groupes de niveaux au Collège.

Le Débat

Notre objectif était de présenter la position de la CFDT au sujet du Choc des Savoirs et de donner à nos adhérentes et adhérents, de toutes professions, la possibilité de s’exprimer et de partager leurs points de vue.

La position de la CFDT a été présentée par Gilles Graber, Secrétaire Général du SGEN CFDT. Une explication du fonctionnement d’un collège a été présentée au préalable pour montrer de manière évidente pourquoi cette mesure est non seulement dangereuse pour le collège unique qui nous est cher, mais elle est aussi impossible à appliquer.

C’est quoi les groupes de niveaux au collège ?

Deuxième axe du groupe de mesures pour élever le niveau de tous les élèves. Selon le gouvernement il s’agit de :

L'organisation de groupes de niveaux flexibles en mathématiques et en français tout au long du collège
Pour permettre à tous les élèves de progresser dans des classes et des collèges hétérogènes, une organisation en groupes de niveaux sera mise en place à compter de la rentrée 2024 en mathématiques et en français ; c’est-à-dire pour environ un tiers des heures de cours des élèves. Pour les autres enseignements, le groupe classe demeurera, permettant de combiner les apports de la mixité scolaire et des pédagogies différenciées pour les élèves.
Ces groupes de niveaux seront constitués en fonction des besoins identifiés par les professeurs ainsi que par les résultats aux tests de positionnement de début d’année et pourront évoluer en cours d’année pour tenir compte de la progression des élèves. Les groupes les plus en difficulté seront dédoublés, avec des effectifs réduits, permettant aux professeurs de disposer des conditions d’enseignement les plus favorables pour faire progresser leurs élèves.”

Les deux syndicats CFDT d’éducation (SGEN et SEP / Public et Privé) s’opposent fortement à cette mesure.

Pour G. Graber (Sgen CFDT), “un début de « choc des savoirs » ce serait déjà d’avoir un professeur devant chaque classe.” Dans sa présentation, il a montré clairement l’absurdité que cette mesure représente du point de vue organisationnel : elle demande un plus grand nombre d’enseignants là où il en manque déjà.

Pour ce qui est de l’organisation, nous sommes face à un casse tête qui aura des conséquences très graves sur le collège.

  • Quels profs devant les élèves ? ( pénurie)
  • Disponibilité des salles ?
  • Emploi du temps → casse tête
  • Pas de temps de concertation prévu
  • Dans quel groupe met-on les élèves en inclusion ( UPE2A, ULIS) ?

Un énorme risque des contraintes matérielles est que les groupes de niveaux deviennent permanents et que la « sortie » du groupe des faibles ne puisse jamais se faire.

Lors du Conseil Supérieur de l’éducation, jeudi 8 février 2024, la Fep CFDT s’est opposée au choc des savoirs à travers sa déclaration liminaire . Sur les groupes de niveau en français et mathématiques au collège la Fep a déclaré :

“Dès la rentrée 2024, et à terme en 2026, près d’un tiers des heures de cours des collégiens seront réservées aux groupes de niveau de français et mathématiques. Comment comprendre de telles décisions alors qu’elles sont en parfaite contradiction avec les résultats des recherches menées sur la question ? Cela nous paraît absurde. Comment peut-on croire à l’efficience d’un tri des élèves dans des groupes lorsque, en outre, les moyens ne sont pas mobilisés : faute d’heures, comment ces groupes de niveaux pourraient ils être évolutifs ? Comment éviter que certains groupes ne se retrouvent surchargés ? Comment ne pas croire que ces groupes ne conduiront qu’à renforcer de façon inéluctable les écarts de niveau entre les élèves les plus fragiles et ceux en réussite ? Un tel système à deux vitesses nous paraît aberrant et remet en cause le collège unique. De plus, ces groupes de niveau engendrent de nouveaux problèmes : Comment mettre en place des projets de classe autour du français et des mathématiques, deux matières pivots ? Comment trouver des professeurs principaux puisque ceux dans ces matières ne pourront plus l’être ? Comment réduire les groupes d’élèves fragiles, sauf à supprimer le latin ou des demi-groupes en sciences exemple ? Et que dire de la surcharge de travail et du casse-tête des emplois du temps pour les personnels ? Les groupes de niveau sont une mauvaise idée, sources de davantage de problèmes que de solutions.”

Quelques effets négatifs d’une telle mesure

  • Stigmatisation
  • Prophétie auto-réalisatrice
  • Compétition vs coopération
  • Changement de paradigme sur l’hétérogénéité et le collège unique

Le gouvernement prétend nous faire croire que la grande majorité des enseignants est d’accord avec cette mesure, rien de tel ! Partout en France des groupes d’enseignants manifestent des diverses manières leur désaccord.

A Marseille,

  • Collège Anatole France : deux semaines de manifestations journalières. Tous les jours, de 12h30 à 13h, les enseignantes et enseignants avec les AESH étaient dans la rue, au Cours Pierre Puget, avec leur banderole, leurs pancartes et sifflets pour dire leur opposition à ces mesures, exprimer leur inquiétude pour la rentrée 2024. Ils ont été rejoints aussi par le Collège Longchamps et le Collège Thiers.
  • Collège Thiersjournée de grève et manifestation le 16/02
  • Collège Vallon des Pins : tractages réguliers à l’hôpital Nord

Quelle école veut la CFDT ?

  • Une école de mixité et non pas d’entre soi
  • Faire progresser tous les élèves sans déterminisme
  • Egalité des chances et non pas d’assignation à résidence
  • Respect des personnels et de leur travail et non pas des changements de cap incessants et infantilisation
  • Bonnes conditions de travail

Encore une fois, nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette rencontre et nous attendons avec impatience notre prochain rendez-vous.